Les Fourmis Coupeuses de Feuilles dont l’espèce la plus connue est Atta cephalotes font partie des créatures les plus fascinantes de la planète. Fourmiculture vous propose de les découvrir à travers ce blog qui permettra de développer de nouvelles connaissances sur ces fourmis hors du commun.
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Présentation du blog :
Ce blog consiste à présenter l’élevage des Fourmis Coupeuses de Feuilles de l’espèce Atta cephalotes. Il sera mis à jour régulièrement avec de nouvelles informations sur l’évolution de notre colonie, nos observations et nos découvertes. Nous commençons l’élevage avec une reine, quelques ouvrières et un champignon symbiotique. Ainsi, vous pourrez observer le développement de cette colonie est mieux comprendre ses besoins et son comportement. L’éleveur est Yvain Samuel, responsable de Fourmiculture.
Les photos appartiennent à Fourmiculture et peuvent être distribuées dans un but non-lucratif contre un lien vers cette page.
Présentation de l’espèce :
Les Fourmis Coupeuses de Feuilles regroupent plusieurs espèces courantes en Amérique du Sud et au sud des États-Unis. Les plus connues sont Atta cephalotes et Acromyrmex octospinosus. On les nomme couramment « Coupeuses de Feuilles », mais aussi « Champignonnistes », « Défoliatrices » ou même « Parasol ». La raison étant qu’elles partent en nombre de la fourmilière pour découper et ramasser divers végétaux, dont les feuilles en particulier, qu’elles transportent au dessus de leur tête jusqu’à les ramener au nid.
(la photo suivante est libre de droit)
Cependant, les fourmis sont incapables de se nourrir de feuilles directement. Elles vivent en symbiose avec un champignon, souvent appelé par le terme latin « fungus ». Il s’agit en fait d’une sorte de mycélium (partie souterraine et filandreuse des champignons). C’est sur ce champignon que les fourmis déposent les végétaux et celui-ci va s’en nourrir et se développer. Très rapidement, le « fungus développera des filaments comestibles (les gongylidias) par les fourmis. Il représente ainsi la nourriture quasi-exclusive des fourmis Atta et Acromyrmex, simplement complétée par la sève des plantes qu’elles découpent. Les larves sont également nourries avec ces excroissances du champignon.
Les ouvrières les plus petites, que l’on appelle volontiers les « jardinières », se spécialisent dans le soin au champignon. Elles le taille, le protège des autres champignons et infections grâce à des antibiotiques produits par leurs corps et ré-ensemencent le champignon grâce à leurs déjections.
Il s’agit d’une symbiose très poussée. Les fourmis sont incapables de vivre sans le champignon car il est leur outil pour digérer leur nourriture de façon externe. Et le champignon ne peut pas vivre plus de quelques jours sans les fourmis.
Cette micro-agriculture très poussée a été inventée bien avant les hommes, il y a environ 60 millions d’années par les fourmis.
La croissance du champignon dépend de l’apport de nourriture et du nombre d’ouvrières pour s’en occuper. Le champignon peut donc réguler la croissance de la colonie mais c’est plutôt l’inverse qui se produit : une petite colonie n’est capable de s’occuper que d’un petit mycélium et la reine régule la ponte pour que la population n’augmente pas trop vite par rapport à la quantité de nourriture disponible.
L’élevage des fourmis coupeuses de feuilles :
Les Atta cephalotes et Acromyrmex octospinosus ne s’élèvent pas dans des fourmilières artificielles classiques. Il leur faut un espace libre important pour permettre au fungus de croitre. Cet espace doit être clos mais laisser entrer l’oxygène et permettre d’évacuer le CO² produit par le champignon. L’hygrométrie doit également être élevée.
Cependant, le mycélium craint le moindre courant d’air et l’excès d’humidité tel que la condensation et le contact direct avec l’eau.
Ces conditions étant parfois opposées, il peut s’avérer difficile de les réunir. Heureusement, une fois cela fait, l’élevage des fourmis coupeuses de feuilles s’avère assez simple.
Ensuite, une aire de nourrissage quelconque reliée à l’espace clos principal permet de déposer la nourriture et d’évacuer les déchets. Il n’y pas de conditions particulières pour cette partie du nid mais il peut être judicieux de leur proposer un espace clos supplémentaire pour les déchets séparés de l’espace ouvert pour la nourriture.
Première partie du blog : Installation des fourmis
5 Juillet 2012 :
J’ai reçu les fourmis d’un éleveur expérimenté. À l’origine, cette colonie de fourmis coupeuses de feuille provient d’Amérique du Sud. Elles sont arrivées en 48h dans une simple boite en plastique avec la colonie, le champignon et des morceaux de feuilles.
Voici l’installation prévue :
– 1 grand cylindre en Plexiglas de 20x20cm avec 1 couvercle, ventilé et 2 trous
– La ventilation ne doit pas être trop importante afin de maintenir une bonne humidité. L’un des trous est bouché et la ventilation du dessus est couverte de coton. C’est une bonne technique pour ventiler doucement l’intérieur de la fourmilière.
– Le fond du nid est recouvert de billes d’argile humides pour maintenir l’hygrométrie dont les fourmis ont besoin.
– Une boite ronde en plastique (boite de pétri) contient la colonie et lui permet de vivre à l’humidité sans toucher le sol qui risquerait d’être trop humide.
– Un tuyau permet aux fourmis de sortir du nid et de se rendre dans l’aire de nourrissage, un grand bac qui servira à déposer les feuilles et évacuer les déchets. Les parois sont couvertes de talc de venise pour empêcher les fourmis de grimper.
Seulement, le champignon est en morceaux et recouvert de bouts de feuilles. Il ne semble vraiment pas en bon état… Voici la colonie placée dans sa boite de pétri, elle même placée dans le cylindre :
En observant la colonie, une chose est complètement stupéfiante : la taille de la reine… C’est une des plus grosses fourmis du monde, et il n’y a qu’en la voyant qu’on se rend compte à quel point c’est impressionnant ! Elle mesure environ 3cm !
Les Atta cephalotes ont donc des différences de taille incroyables entre des ouvrières allant de 3 à 20mm environ et une reine de 30mm…
Les Acromyrmex ont une reine beaucoup plus petite (12mm environ) et les ouvrières les plus grandes ne dépassent pas la taille de la reine.
Voici la reine, tête vers le bas de l’image, avec une petite ouvrière sur son dos !
Et ici, une ouvrière assez grande, avec une tête très massive abritant des muscles puissants permettant de couper des feuilles en petits morceaux. On voit qu’il y a du couvain (les choses blanches). Et le champignon apparaît toujours éparpillé.
Pour circuler facilement, ne pas glisser dans le tube en verre qui relie le nid à l’aire de récolte, et descendre facilement le long de la paroi, une mèche en coton pour bougie a été placée.
La reine en profite pour faire de l’escalade !
10 Juillet 2012 :
Commençons avec quelques photos dignes d’intérêt. Voici d’abord le champignon avec la reine en arrière plan et déjà des ouvrières de bonne taille sont présentes.
On peut déjà observer le comportement fascinant des fourmis coupeuses de feuilles lors de la récolte… Il suffit de déposer des végétaux pour que des ouvrières de toutes les tailles, sauf les petites jardinières, prennent en charge la découpe de parcelles de feuille qui seront ramenées au nid.
Les feuilles sont ramenées au nid par le biais du tube en verre qui mène au nid :
Une fois à l’intérieur, des ouvrières de plus en plus petites découpent la feuille en morceaux minuscules pour les déposer sur le champignon.
Malheureusement, des moisissures sont apparues sous la boite de petri dans laquelle la colonie est placée. L’humidité entre la boite et les billes d’argile en est la cause et le nid doit rester le plus sain possible pour que les fourmis puissent vivre.
La colonie a donc été déplacée dans un nouveau cylindre en Plexiglas et les billes d’argiles ont été remplacées par de la perlite. La boite de pétri a été percée avec une aiguille chaude pour permettre à l’air de circuler et la boite a été surélevée pour ne pas toucher le substrat humide.
C’est un bon départ, mais déjà, les fourmis déposent des déchets sur la perlite et c’est inquiétant pour la suite…
2 Janvier 2013
D’autres moisissures ainsi que des acariens néfastes à la colonie sont apparus. Les fourmis avaient tendance à laisser les déchets sur la perlite et l’humidité à fini de rendre le nid malsain. La conclusion était simple : il ne faut pas utiliser de substrat. Les fourmis ont été déménagées une nouvelle fois et installées dans un cylindre vide et propre. Un mur en mousse Oasis humide apporte l’hygrométrie nécessaire.
Il est étonnant de voir que dans un nid propre, sans substrat, les fourmis évacuent systématiquement les déchets du nid alors qu’avec du substrat, les fourmis avaient tendance à les déposer dessus, créant de la moisissure !
La croissance du champignon a repris dès le lendemain et l’activité des fourmis ‘est fortement accélérée ! Preuve que ce changement était nécessaire.
Voici la colonie de fourmis quelques jours plus tard.
Le trou à droite a été bouché avec de la mousse oasis. Les fourmis peuvent donc la creuser si elles ont besoin de plus d’air et de moins d’humidité. Pourtant, elles semblent au contraire vouloir boucher cette zone encore plus, signe d’un besoin en humidité important. La mousse est donc régulièrement humidifiée à son tour.
Fin de l’expérience :
La colonie s’est développée avec succès jusqu’à remplir près de la moitié du nid avec son mycélium. Des naissances ont été régulièrement constatées avec des soldats de plus en plus gros. La colonie a finalement été vendue à des étudiantes en biologie à Versailles.